Page:Daudet - Au bord des terrasses, 1906.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
AU LOIN


J’évoque, en les faisant revivre, ces journées
Où tenait la beauté de toute une saison ;
Ces parterres fleuris, aux plantes surannées,
Pieds d’alouette, œillets et roses à foison ;

Ces pommiers supportant les lessives d’automne
Dont les linges claquaient, étendant leurs blancheurs
Sur les prés ; et le chant égal et monotone
Des perdrix rappelant, là-bas, loin des faucheurs.

L’orangerie avec son goût aromatique
D’herbier, de feuille sèche et d’hiver attiédi,
Et dont j’ai retrouvé le charme nostalgique
Au désordre embaumé des jardins du Midi.


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Bruit léger du râteau, rythmé comme la vie,
Faisant tomber le temps comme d’un sablier.
Je l’écoute, à la fois douloureuse et ravie
De ne pouvoir revivre ou savoir oublier !