Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
AU LOIN
J’évoque, en les faisant revivre, ces journées
Où tenait la beauté de toute une saison ;
Ces parterres fleuris, aux plantes surannées,
Pieds d’alouette, œillets et roses à foison ;
Ces pommiers supportant les lessives d’automne
Dont les linges claquaient, étendant leurs blancheurs
Sur les prés ; et le chant égal et monotone
Des perdrix rappelant, là-bas, loin des faucheurs.
L’orangerie avec son goût aromatique
D’herbier, de feuille sèche et d’hiver attiédi,
Et dont j’ai retrouvé le charme nostalgique
Au désordre embaumé des jardins du Midi.
Bruit léger du râteau, rythmé comme la vie,
Faisant tomber le temps comme d’un sablier.
Je l’écoute, à la fois douloureuse et ravie
De ne pouvoir revivre ou savoir oublier !