Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/223

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— Tant que vous en voudrez, fit l’Altesse, et l’on se mit en route pour le marché arabe.

Le marché se tenait à quelques kilomètres, sur les bords du Chéliff… Il y avait là cinq ou six mille Arabes en guenilles, grouillant au soleil, et trafiquant bruyamment au milieu des jarres d’olives noires, des pots de miel, des sacs d’épices et des cigares en gros tas ; de grands feux où rôtissaient des moutons entiers, ruisselant de beurre ; des boucheries en plein air, où des nègres tout nus, les pieds dans le sang, les bras rouges, dépeçaient, avec de petits couteaux, des chevreaux pendus à une perche.

Dans un coin, sous une tente rapetassée de mille couleurs, un greffier maure, avec un grand livre et des lunettes. Ici, un groupe, des cris de rage : c’est un jeu de roulette, installé sur une mesure à blé, et des Kabyles qui s’éventrent autour… Là-bas, des trépi-