Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/260

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pressent. Biskris et Mahonnais entassent les bagages dans les barques.

Tartarin de Tarascon, lui, n’a pas de bagages. Le voici qui descend de la rue de la Marine, par le petit marché, plein de bananes et de pastèques, accompagné de son ami Barbassou. Le malheureux Tarasconnais a laissé sur la rive du Maure sa caisse d’armes et ses illusions, et maintenant il s’apprête à voguer vers Tarascon, les mains dans les poches… À peine vient-il de sauter dans la chaloupe du capitaine, qu’une bête, essoufflée, dégringole du haut de la place, et se précipite vers lui, en galopant. C’est le chameau, le chameau fidèle, qui, depuis vingt-quatre heures, cherche son maître dans Alger.

Tartarin, en le voyant, change de couleur et feint de ne pas le connaître ; mais le chameau s’acharne. Il frétille au long du