Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/41

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bruit de pas, des voix étouffées… « Attention ! » se disait Tartarin, et il restait planté sur place, scrutant l’ombre, prenant le vent, appuyant son oreille contre terre à la mode indienne… Les pas approchaient. Les voix devenaient distinctes… Plus de doute ! Ils arrivaient… Ils étaient là. Déjà Tartarin, l’œil en feu, la poitrine haletante, se ramassait sur lui-même comme un jaguar, et se préparait à bondir en poussant son cri de guerre… Quand tout à coup, du sein de l’ombre, il entendait de bonnes voix tarasconnaises l’appeler bien tranquillement :

« Té ! vé !… c’est Tartarin… Et adieu, Tartarin ! »

Malédiction ! c’était le pharmacien Bézuquet avec sa famille qui venait de chanter la sienne chez les Costecalde. – « Bonsoir ! bonsoir ! » grommelait Tartarin, furieux de