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LES PAYSANS À PARIS

pendant le siège



À Champrosay, ces gens-là étaient très heureux. J’avais leur basse-cour juste sous mes fenêtres et, pendant six mois de l’année, leur existence se trouvait un peu mêlée à la mienne. Bien avant le jour, j’entendais l’homme entrer dans l’écurie, atteler sa charrette et partir pour Corbeil, où il allait vendre ses légumes ; puis la femme se levait, habillait les enfants, appelait les poules, trayait la vache et, toute la matinée, c’était une dégringolade de gros et de petits sabots dans l’escalier de bois… L’après-midi, tout se taisait. Le père était aux champs, les enfants à l’école, la mère occupée silencieusement dans la cour à étendre du linge ou à coudre devant sa porte en surveillant le tout petit… De temps en