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Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/190

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MON KÉPI



Ce matin, je l’ai retrouvé, oublié au fond d’une armoire, tout fané de poussière, frangé aux bords, rouillé aux chiffres, sans couleur et presque sans forme. En le voyant, je n’ai pu m’empêcher de rire…

« Tiens ! mon képi… »

Et, tout de suite, je me suis rappelé cette journée de fin d’automne, chaude de soleil et d’enthousiasme, où je descendis dans la rue, tout fier de ma nouvelle coiffure, cognant mon fusil dans les vitrines pour rejoindre les bataillons du quartier et faire mon devoir de soldat-citoyen. Ah ! celui qui m’aurait dit que je n’allais pas sauver Paris, délivrer la France à moi seul, celui-là se serait certainement exposé à recevoir dans l’estomac tout le fer de ma baïonnette…

On y croyait si bien à cette garde nationale !