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Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/318

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dans un mortier en y laissant tomber l’huile d’olive goutte à goutte. Nous avons mangé de l’aioli autour de nos anguilles, assis sur de hauts escabeaux devant la petite table de bois, dans cette étroite cabane où la plus grande place était tenue par l’échelle montant à la soupente. Autour de la chambre si petite on devinait un horizon immense traversé de coups de vent, de vols hâtés d’oiseaux en voyage ; et l’espace environnant pouvait se mesurer aux sonnailles des troupeaux de chevaux et de bœufs, tantôt retentissantes et sonores, tantôt diminuées dans l’éloignement et n’arrivant plus que comme des notes perdues, enlevées dans un coup de mistral.


LE KOUSSKOUSS


C’était en Algérie chez un aga de la plaine du Chélif. De la grande tente seigneuriale installée pour nous devant la maison de l’aga, nous voyions descendre une nuit de demi-deuil, d’un noir violet où se fonçait la pourpre d’un couchant magnifique ; dans la fraîcheur de la