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III

en droschken


De bonne heure, le lendemain, l’hôtelier de la Grappe-Bleue me faisait monter dans une de ces petites voitures de louage que les hôtels ont toujours dans leurs cours pour montrer aux voyageurs les curiosités de la ville, et d’où les monuments, les avenues, vous apparaissent comme entre les pages d’un guide. Cette fois il ne s’agissait pas de me faire voir la ville, mais seulement de me conduire à l’ambassade française : « Frantzosiche Ambassad !… » répéta deux fois l’hôtelier. Le cocher, petit homme habillé de bleu et coiffé d’un chapeau gigantesque, semblait très étonné de la nouvelle destination qu’on donnait à son fiacre, à son droschken, pour parler comme à Munich. Mais je fus bien plus étonné que lui, quand je le vis tourner le dos au quartier noble, prendre un long faubourg plein d’usines, de maisons ouvrières, de petits jardins, passer les portes, et m’emmener hors de la ville…