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Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/357

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les parle, je ne les chante plus… Oh ! non, je n’ai pas envie de les chanter…

Mais revenons à mon droschken.

Nous allions d’un petit pas reposé, sur une avenue bordée d’arbres et de maisons blanches. Tout à coup le cocher s’arrêta :

« Da !… » me dit-il en me montrant une maisonnette enfouie sous les acacias, et qui me parut bien silencieuse, bien retirée pour une ambassade. Trois boutons de cuivre superposés luisaient dans un coin du mur, à côté de la porte. J’en tire un au hasard, la porte s’ouvre, et j’entre dans un vestibule élégant, confortable ; des fleurs, des tapis partout. Sur l’escalier, une demi-douzaine de chambrières bavaroises, accourues à mon coup de sonnette, s’échelonnaient avec cette tournure disgracieuse d’oiseaux sans ailes qu’ont toutes les femmes au-delà du Rhin.

Je demande : « Ambassad Frantzosiche ? » Elles me font répéter deux fois, et les voilà parties à rire, à rire en secouant la rampe. Furieux, je reviens vers mon cocher et tâche de lui faire comprendre, à grand renfort de gestes, qu’il s’est trompé, que l’ambassade n’est pas là. « Ya, ya… » répond le petit homme sans s’émouvoir, et nous retournons vers Munich.

Il faut croire que notre ambassadeur de ce