seux. Le grand sauta dans la tranchée, à côté du Prussien.
« C’est mon frère », dit-il en montrant son compagnon.
Il était si petit, ce Stenne, qu’en le voyant le Prussien se mit à rire et fut obligé de le prendre dans ses bras pour le hisser jusqu’à la brèche.
De l’autre côté du mur, c’étaient de grands remblais de terre, des arbres couchés, des trous noirs dans la neige, et dans chaque trou le même béret crasseux, les mêmes moustaches jaunes qui riaient en voyant passer les enfants.
Dans un coin, une maison de jardinier casematée de troncs d’arbres, le bas était rempli de soldats qui jouaient aux cartes, faisaient la soupe sur un grand feu clair. Cela sentait bon les choux, le lard ; quelle différence avec le bivouac des francs-tireurs ! En haut, les officiers, on les entendait jouer au piano, déboucher du vin de Champagne. Quand les Parisiens entrèrent, un hurrah de joie les accueillit. Ils donnèrent leurs journaux ; puis on leur versa à boire et on les fit causer. Tous ces officiers avaient l’air fier et méchant ; mais le grand les amusait avec sa verve faubourienne, son vocabulaire de voyou. Ils riaient, répétaient ses mots après lui, se roulaient avec délices dans cette boue de Paris qu’on leur apportait.