– C’est le vent… dit Planus.
– Je suis sûre que non… Chut !… écoutez… Dans le tumulte de l’orage, une plainte montait, comme un sanglot fait d’un nom péniblement articulé :
– Frantz !… Frantz !…
C’était sinistre et lamentable. Lorsque le Christ en croix poussa dans l’espace vers le ciel vide son cri désespéré : « Eli, Eli, lamma sabacthani », ceux qui l’entendirent durent éprouver l’espèce de terreur superstitieuse qui saisit tout à coup mademoiselle Planus.
– J’ai peur, murmura-t-elle… si vous alliez voir.
– Non, non, laissons-le. Il pense à son frère… Pauvre garçon ! C’est encore cette idée-là qui peut lui faire le plus de bien.
Et le vieux caissier se rendormit. Le lendemain il se réveilla, comme toujours, à la diane sonnant dans les forts ; car la petite maison, entourée de casernes, réglait toute sa vie sur les sonneries militaires. La sœur, déjà levée, donnait à manger aux poules. En voyant Sigismond debout, elle vint vers lui un peu émue.
– C’est singulier, dit-elle, je n’entends rien remuer chez monsieur Risler… Pourtant la fenêtre est grande ouverte.
Sigismond, très étonné, alla frapper chez son ami :
– Risler !… Risler !
Il appelait avec une certaine inquiétude.