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Page:Daudet - Jack, I.djvu/105

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lanterne allumée comme un œil unique au front d’un monstre, n’était pas fait pour attirer les promeneurs ; les plus hardis n’avançaient jamais au-delà de la grille.

Maintenant, il s’agissait de donner une nouvelle splendeur aux soirées littéraires.

Madame de Barancy accepta l’invitation avec empressement. L’idée de figurer à un titre quelconque dans le salon d’une femme mariée, et surtout d’assister à une réunion artistique, la flattait extrêmement, comme un échelon conquis au-dessus de son rang et de son existence irrégulière.

Ah ! ce fut une fête splendide que cette séance de lecture expressive à haute voix, « première de la nouvelle série. » De mémoire de « petit pays chaud » on n’avait jamais vu une prodigalité pareille.

Deux lanternes de couleur furent pendues aux acacias de l’entrée, le vestibule orné d’une veilleuse, et plus de trente bougies allumées dans le salon, tellement ciré et frotté par Mâdou pour la circonstance, que cet éclairage extraordinaire se reflétait, faute de miroirs, sur le plancher, qui joignait au brillant de la glace toutes ses qualités glissantes et dangereuses.

Mâdou s’était surpassé comme frotteur. À ce sujet, je dois dire que Moronval était perplexe sur le rôle que devrait jouer le négrillon dans la soirée.

Fallait-il le laisser en domestique ou lui restituer pour un jour son titre et sa splendeur défunte ? Ce