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Page:Daudet - Jack, I.djvu/212

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Oh ! dépêche-toi de luire, aurore maternelle ; verse un peu de chaleur, et d’espoir, et de force à l’enfant exténué qui se hâte en te tendant les bras.

— Suis-je bien loin d’Étiolles ? demande Jack à des terrassiers qui passent, le sac en bandoulière, par groupes muets, encore endormis.

Non, il n’est pas loin d’Étiolles ; il n’a qu’à suivre la forêt, tout « drouet. »

Elle s’éveille, en ce moment, la forêt. Tout le grand rideau vert tendu au bord du chemin frissonne. Ce sont des pépiements, des roucoulements, des gazouillements qui se répondent des églantines de la haie aux chênes centenaires. Les branches se frôlent, s’abaissent sous des coups d’ailes précipités, et pendant que ce qui reste d’ombre en l’air s’évapore, que les oiseaux de nuit au vol silencieux et lourd regagnent leurs abris mystérieux, une alouette monte de la plaine, fine, les ailes tendues, s’élève par vibrations sonores, traçant ce premier sillon invisible où se rejoignent, dans les beaux jours d’été, le grand calme du ciel et tous les bruits actifs de la terre.

L’enfant ne marche plus, il se traîne. Une vieille en haillons, à la figure méchante, passe, menant une chèvre. Il demande encore une fois :

« Suis-je bien loin d’Étiolles ? »

La vieille le regarde d’un air féroce et lui montre un petit chemin caillouteux qui monte, étroit et raide, à la lisière de la forêt. Malgré sa lassitude, il continue