Page:Daudet - Jack, I.djvu/328

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— Oui, monsieur le directeur, je viens vous présenter le nouvel apprenti et vous remercier de…

— Le voilà donc ce petit prodige. Bonjour, mon garçon. Il paraît que nous avons une vraie vocation pour la mécanique. C’est très bien, cela.

Puis, après avoir regardé l’enfant plus attentivement :

— Dites donc, Roudic, il n’a pas l’air solide, ce gamin-là. Est-ce qu’il est malade ?

— Non, monsieur le directeur. On m’assure au contraire qu’il est d’une force étonnante.

— Étonnante, répéta Labassindre en s’avançant ; et, devant le regard surpris du directeur, il crut devoir lui rappeler qui il était, qu’il avait quitté l’usine depuis six ans pour entrer au théâtre de Nantes, et de là à l’Opéra de Paris.

— Oh ! je me souviens parfaitement de vous, dit le directeur d’un ton tout à fait indifférent ; et tout de suite il se leva comme pour couper court à la conversation.

— Emmenez votre apprenti, père Roudic, et tâchez de nous en faire un bon ouvrier. Avec vous, je ne suis pas en peine.

Le chanteur, vexé d’avoir manqué son effet, sortit très penaud. Roudic resta le dernier dans le bureau et échangea quelques mots à voix basse avec son chef. Après quoi, les deux hommes et l’enfant redescendirent, diversement impressionnés. Jack méditait ces