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Page:Daudet - Jack, I.djvu/33

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Jack avec exubérance de ces achats. Puis elle prenait un air grave :

— Surtout rappelle-toi ce que je t’ai recommandé. Il ne faudra pas dire à bon ami que je suis allée à ce bal… C’est un secret… Sapristi ! Déjà cinq heures… C’est Constant qui va me gronder…

Elle ne se trompait pas.

Sa camériste-factotum, une grande et forte personne d’une quarantaine d’années, hommasse et laide, se précipita à sa rencontre, dès qu’elle l’entendit rentrer.

« Le costume était là… Il n’y avait pas de bon sens de revenir si tard… Madame ne serait pas prête… On ne pourrait jamais l’habiller en si peu de temps. »

— Ne me gronde pas, ma bonne Constant… Si tu savais ce qui m’arrive… tiens ! regarde.

Et elle lui montra l’enfant. Le factotum parut indigné :

— Comment ! monsieur Jack… vous êtes revenu ?… C’est très mal, monsieur, après ce que vous aviez promis. Il faudra donc vous y faire conduire par les gendarmes, à cette école… Aussi, voilà ! votre maman est trop bonne.

— Mais non, ce n’est pas lui. Ce sont ces prêtres de là-bas qui n’ont pas voulu… Comprends-tu ça ? me faire cet affront, à moi… à moi !…

Là-dessus les larmes lui revinrent, et elle recommença à demander à Dieu ce qu’elle avait fait pour être si malheureuse. Joignez à cela les meringues, le vin