Mâdou, s’apercevant de l’émotion de son auditoire, n’insista pas sur les réjouissances publiques qui précédèrent son départ et arriva rapidement à son séjour au lycée de Marseille.
Oh ! le grand lycée aux murs sombres, la classe triste aux bancs moisis, où les noms des élèves, taillés à coup de couteau, révélaient des passe-temps de prisonniers ; les professeurs aggravant le noir de leur costume par la solennité des grandes manches et de la toque, la voix du pion criant : « Un peu de silence ! » Et toutes ces têtes penchées, le grincement des plumes, les leçons monotones vingt-cinq fois récitées, comme si chaque enfant happait à son tour, dans l’air étouffé de la classe, le même lambeau de science ; et les grands réfectoires, les dortoirs, la cour de caserne éclairée d’un étroit et court soleil si maigrement distribué, ici le matin, là le soir, et si bien logé dans des coins, qu’il fallait, pour le sentir, pour le humer, pour le savourer, s’adosser aux grands murs noirs qui l’absorbaient tout entier.
Les récréations de Mâdou se passaient ainsi. Rien ne l’amusait, rien ne l’intéressait ; une seule chose, le tambour marquant les repas, les classes, le lever, le coucher, et qui, malgré ces destinations infimes, faisait battre ce petit cœur de roi guerrier au ronflement de ses baguettes. Il y avait aussi les jours de sortie ; mais il en fut bientôt privé. Voici pourquoi :