Page:Daudet - Jack, II.djvu/165

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— Est-ce vrai que mon père était noble ? demanda-t-il tout de suite.

— Tout ce qu’il y a de plus noble, mon enfant.

— Marquis ?

— Non, baron seulement.

— Mais je croyais… tu m’avais dit…

— Non, non, c’étaient les Bulac de la branche aînée qui étaient marquis.

— Il était donc allié à ces Bulac ?…

— Je crois bien… c’était lui le chef de la branche cadette.

— Alors… mon père… s’appelait ?

— Le baron de Bulac, lieutenant de vaisseau.

Le balcon se serait écroulé entraînant dans sa chute la verandah de coutil et tout ce qu’elle contenait, que Jack n’aurait pas éprouvé un plus effroyable ébranlement de tout son être. Il eut encore pourtant le courage de demander :

— Y a-t-il longtemps qu’il est mort ?

— Oh ! oui, très longtemps… répondit Charlotte ; et elle fit un geste éloquent pour renvoyer bien loin dans le passé cette existence devenue pour elle problématique.

Son père était mort ; voilà ce qu’il y avait de probable. Maintenant, était-ce un de Bulac, était-ce un de l’Épan ? Sa mère avait-elle menti cette fois ou l’autre ? Après tout, peut-être ne mentait-elle pas, peut-être n’en savait-elle rien elle-même.