Page:Daudet - Jack, II.djvu/171

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l’avait appelé ainsi, et quand elle lui disait « adieu », son cœur se serrait comme s’il ne devait jamais la revoir, tellement, avec cette nature réfléchie et sereine, tout prenait un sens définitif. Dans l’état singulier de la convalescence, où l’être faible est si sensible aux influences physiques et morales qu’il frissonne du moindre courant d’air, se réchauffe au moindre rayon, Jack s’impressionnait vivement de tout ce charme.

Oh ! les bonnes, les délicieuses journées passées dans cette maison bénie, et comme autour de lui tout était bien fait pour hâter sa guérison ! La « pharmacie », grande pièce presque nue, entourée de hauts placards en bois blancs, ornée de rideaux de mousseline, s’ouvrant au midi sur la fin d’une rue de village et l’horizon des champs moissonnés, lui communiquait son calme sain, ses odeurs fortifiantes d’herbes sèches, de plantes cueillies dans la splendeur de leur floraison. Ici la nature se mettait à la portée du malade, atténuée, adoucie, bienfaisante, et il en respirait le souvenir avec ivresse. Des ruisseaux couraient pour lui dans la senteur des baumes, et la forêt étendait ses arcades de verdure sur le parfum de ces centaurées ramassées au pied de ses grands chênes.

À mesure que les forces lui revenaient, Jack essayait de lire. Il feuilletait les vieux « bouquins » de la bibliothèque, et parmi eux en retrouvait qu’il avait étudiés autrefois et qu’il reprenait maintenant, mieux disposé à les comprendre. Cécile continuait son tra-