Page:Daudet - Jack, II.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vail quotidien et, le docteur étant toujours dehors, les deux jeunes gens restaient seuls, sous la garde de la petite servante. Il y avait là de quoi faire jaser, et la présence assidue de ce grand garçon auprès de cette belle jeune fille choquait bien des mères prudentes. Certainement, si madame Rivals avait vécu, les choses ne se seraient pas passées ainsi, mais le docteur était un enfant lui-même au milieu de ces deux enfants. Et puis, qui sait ? il avait peut-être son idée aussi, ce brave docteur.

Cependant d’Argenton, informé de l’installation de Jack chez les Rivals, avait pris cela pour une injure personnelle. « Il n’est pas convenable que tu sois là, écrivait Charlotte à son fils. Quel air ça nous donne-t-il dans le pays ?… On dirait que nous n’avons pas de quoi te soigner. C’est comme un reproche que tu nous fais… » Cette première lettre étant restée sans effet, le poète écrivit lui-même, LUI-MÊME : « J’avais envoyé Hirsch pour te guérir, mais tu as préféré la routine idiote de ce médecin de campagne à toute la science de notre ami. Dieu veuille que tu t’en trouves bien ! En tout cas, puisque te voilà sur pieds, je te donne deux jours pour retourner aux Aulnettes ; si dans deux jours tu n’es pas rentré, je te considère comme en révolte ouverte contre mon autorité, et dès ce moment tout sera fini entre nous. À bon entendeur, salut ! »

Enfin, Jack continuant à ne pas bouger, on vit arriver Charlotte. Elle vint avec un grand air de di-