Page:Daudet - Jack, II.djvu/209

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Qu’est-ce qui va avoir bien chaud à ses petits petons ?… C’est mon ami Weber.

L’apparition de Jack ne sembla pas le surprendre.

— Tiens, vous voilà ! lui dit-il aussi tranquillement que s’il l’avait vu la veille.

— Eh ! bonjour, Bélisaire, qu’est-ce que vous faites là ? C’est à vous, ce petit garçon ?

— Oh ! non ! C’est le petit de madame Weber, dit le camelot avec un soupir qui signifiait évidemment : « Je voudrais bien qu’il fût à moi. »

Il ajouta, en s’adressant au marchand :

— Vous les lui avez tenus bien larges, au moins ?… Qu’il puisse bien allonger les doigts… On est si malheureux d’avoir des bottes qui vous font mal !

Et le pauvre diable regardait ses pieds avec un désespoir qui prouvait bien que s’il était assez riche pour faire faire des bottines sur mesure au petit de madame Weber, il n’avait pas encore le moyen de s’en commander pour lui-même.

Enfin, quand il eut demandé vingt fois à l’enfant s’il se trouvait bien, qu’il l’eut fait marcher devant lui, taper du pied par terre, le camelot tira péniblement de sa poche une longue bourse en laine rouge avec des coulants, y choisit quelques pièces blanches qu’il mit dans la main du marchand de cet air réfléchi, important, que prennent les gens du peuple quand il s’agit de donner de l’argent.

Lorsqu’ils furent dehors :