Page:Daudet - Jack, II.djvu/250

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faire part de ses fâcheuses impressions au camelot qui contemplait avec joie sa nouvelle acquisition, et lui prodiguait sans motif de fortes poignées de main. D’ailleurs madame Weber ayant donné son approbation, c’était là le principal. Il est vrai que la brave femme avait fait comme Jack : voyant son soupirant si heureux, elle n’avait pas osé se montrer trop difficile, et passant sur un extérieur défectueux, elle s’était contentée de ce camarade-là, faute d’un autre.

Pendant la quinzaine qui précéda le mariage, de quels joyeux « Chapeaux ! chapeaux ! » retentirent les cours ouvrières de Ménilmontant, de Belleville, de la Villette ! C’était sonore et gai, un vrai réveil de coq triomphant et clair, quelque chose comme l’antique « Hymen ! ô Hyménée ! » traduit par une bouche ignorante. Enfin, il arriva, le beau jour, le grand jour. En dépit de tout ce que put dire madame Weber, Bélisaire avait tenu à faire les choses grandiosement, et, sur sa longue bourse de laine rouge, les coulants d’acier glissèrent jusqu’aux bords. Aussi quelle noce, que de splendeurs !

Dans la bourgeoisie, en général, on prend un jour pour le mariage à la mairie, un autre pour le mariage à l’église ; mais le peuple, qui n’a pas de temps à perdre, accumule toutes les cérémonies, s’en acquitte en une seule fois, et choisit presque toujours le samedi pour cette longue et fatigante corvée dont il se repose le dimanche. Il faut voir les mairies de faubourg dans