Page:Daudet - Jack, II.djvu/339

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— Voilà… voilà… beûh !… dit le chanteur, et il sortit en élargissant ses épaules.

D’Argenton, qui avait encore un hémistiche coupé en deux tout frétillant au bord des lèvres, se remit précipitamment devant la cheminée, prêt à reprendre la lecture interrompue. Mais la porte se rouvrit de nouveau pour laisser passer la tête et le bras de Labassindre, qui appelait le poëte d’un geste. D’Argenton s’élança, furieux, dans l’antichambre :

— Qu’est-ce que c’est ? voyons.

— Il paraît que Jack est très malade, lui dit le chanteur tout bas.

— Allons donc !… à d’autres !

— C’est ce pauvre diable qui l’affirme.

D’Argenton regarda le pauvre diable, laid, timide, dont la haute silhouette courbée sous la porte ne lui semblait pas inconnue.

— C’est vous qui venez de la part de ce monsieur ?

— Non, je ne viens pas de sa part, répondit l’autre… Il est trop malade pour qu’on vienne de sa part… Voici trois semaines qu’il est couché, bien, bien malade.

— Qu’est-ce qu’il a ?

— Il a quelque chose dans le poumon, que le médecin dit qu’il n’en a pas pour huit jours. Là-dessus, nous avons pensé, ma femme et moi, qu’il fallait prévenir sa mère, et je suis venu.

— Qui êtes-vous ?