VII
UN COLON POUR METTRAY.
Jamais le chalet des Aulnettes n’avait mieux mérité son étiquette que ce matin-là. Isolé sous le ciel d’hiver où couraient de grands nuages gris, rapetissé parmi les arbres dégarnis de feuilles, hermétiquement fermé à l’humidité du jardin et de la route, il participait du silence morne de la terre encore endormie et de l’air vide d’oiseaux. Quelques corbeaux piquant des semences dans les champs voisins mettaient seuls une note de vie sur le paysage attristé, le vol de leurs ailes noires au ras du sol.
Charlotte décrochait des raisins flétris dans le grenier de la tourelle, le poëte travaillait, le docteur Hirsch dormait, quand l’arrivée du facteur, unique distraction de ces exilés volontaires, réunit en un seul groupe tout cet ennui disséminé.