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Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/195

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aujourd’hui. C’est une fatigue pour ce pauvre homme… Mme Aussandon est en voyage… Il paraît que le major va se marier. »

Une invention de la bonne dame, ce mariage ; un moyen de savoir s’il ne restait pas, par hasard, à Éline un petit sentiment au fond du cœur. Elle était si froide depuis quelques jours avec Lorie. Mais au regard en dessous de sa mère, Éline répondait un « Ah ! » d’une franche indifférence. Non, ce n’était pas cela.

Alors Mme Ebsen se tourmentait davantage. Elle examinait ces beaux yeux cernés d’un halo bleuâtre, ce visage qui s’effilait sous le menton et perdait sa fraîche rondeur adolescente. Décidément il se passait chez sa petite quelque chose d’extraordinaire. Elle essayait de la questionner sur ses journées de Port-Sauveur, sur les heures de classe ou de récréation.

« Comme ça, l’école est tout près du château, et tu ne vas que de l’un à l’autre ?… Mais tu ne prends pas du tout d’exercice, ma chérie… C’est épuisant, cinq heures de classe, sans bouger… Au moins tu es allée voir Maurice à l’écluse ?… »

Non, elle n’y était pas allée. Et Mme Ebsen se répandait en plaintes compatissantes sur ce