Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/197

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ses clématites du Japon enroulant leurs lianes et leurs clochettes de pourpre en girandoles, avec ses massifs de yuccas et de cactus sortis des serres, ses statues aux blancheurs vibrantes – à un parc vert et soigné, fraîchement arrosé pour le plaisir des promeneurs. Rien de la poussière des grandes allées, rien de la rumeur du boulevard Saint-Michel. Ici les moineaux se baignent dans le sable, volant au ras de l’herbe, en compagnie des gros merles familiarisés par les miettes du goûter des enfants.

De toutes les rues voisines, il vient après le dîner dans ces allées tournantes, vers le rucher modèle et les arbres fruitiers en bouquets, en quenouilles, en espaliers au vent, une population bien différente de celle qui hante les terrasses : des petits rentiers, des ménages, des femmes qui apportent leur ouvrage ou leur livre, et, le dos tourné à l’allée, le visage à la verdure, épuisent jusqu’au dernier filet de jour ; des gens qui marchent le nez sur un journal, et des volées d’enfants s’appelant, se poursuivant, ou tout petits, essayant leurs premiers pas, et dehors, à cette heure tardive, parce que la mère travaille tout le jour.