Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/288

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Elle retomba sur son lit, prise d’un nouvel accès de désespoir et resta là, dans son apparat de malade, l’émail de sa poitrine, de ses bras morts sortant des satins et des dentelles, sans larmes, sans gestes, toutes en plaintes inarticulées, comme une grande poupée de jour de l’an.

En descendant l’escalier tendu d’un tapis clair à bordure de peluche, Léonie d’Arlot songeait : « Si ceux-là ont peur, que diront les autres ? » L’affaire lui semblait bien plus compliquée que tout à l’heure. Sur le perron, pendant que sa voiture se rangeait, un nom lui vint à l’esprit… Oui, c’était une idée. Au moins, là, on aurait toujours un bon conseil… Elle jeta une adresse au cocher et monta près de Mme Ebsen qui la guettait fiévreusement, comme si elle s’attendait à la voir revenir avec Éline…

« Eh bien ?…

– Oh ! vous savez, toujours la même cette Déborah, une grosse indolente… D’abord elle est en floraison et nous ferait perdre trop de temps… Nous allons chez Raverand.

Raferand ?… »

La Danoise ne connaissait même pas de nom