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Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/333

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assemblées religieuses. Partout, des yeux mouillés, des souffles battants, et là-haut, à son coin de tribune, la pauvre mère qui sanglote, la figure entre ses mains. Larmes apaisantes, cette fois, sans amertume ni brûlure. La voilà vengée, débarrassée surtout de l’angoisse que Dieu pouvait être avec ces méchants. Non, non, il est pour elle, le Dieu de justice, il proteste, il commande. Il faudra bien qu’Éline l’écoute et revienne auprès de sa mère.

Maintenant le doyen, descendu de la chaire, se tient debout devant la longue table où le vin tremble dans les coupes entre les quatre corbeilles débordant de pain ; et tandis qu’il récite les belles et simples prières qui précèdent la communion : Écoutez, mes frères, de quelle manière Notre Seigneur Jésus-Christ a institué la Sainte Cène… il tressaille en apercevant la femme du banquier, immobile et droite à son banc. Que fait-elle là, cette orgueilleuse, après ce qu’elle vient d’entendre ? Pourquoi n’est-elle pas sortie, quand le pasteur a béni et prié de se retirer en bon ordre ceux qui ne communiaient pas ? Aurait-elle vraiment l’audace… ? Et soulignant à son intention le texte liturgique, il dit