Aller au contenu

Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec les meubles et la tenture du parloir.

Éline attendait assise sur un banc de bois, un banc d’église pareil à d’autres rangés autour de la salle ou empilés tout au fond devant un harmonium empaqueté de serge ; mais les fenêtres garnies de vitraux de couleur donnaient une lumière si vague que la jeune fille ne distinguait pas bien cet endroit étrange, pas plus qu’elle ne pouvait lire ce qu’il y avait d’écrit sur les vieilles boiseries où voltigeaient naguère des guirlandes d’amours semant des roses, des Flore et des Pomone aux frais attributs.

De la pièce voisine venaient des plaintes, des sanglots, le murmure d’une voix grondante. En s’éloignant jusqu’au bout du banc pour ne plus entendre ce bruit triste qui l’impressionnait, son mouvement réveilla quelqu’un dans cette salle où elle se croyait seule, et une voix cria tout près d’elle : « Moïse… Moïse, refais ton compte. »

Un angle de jour venu de la porte, qui s’ouvrait à ce moment, lui montra une perruche dans une grande cage, une vieille perruche aux plumes emmêlées, au bec dégarni, faite pour augmenter toutes les croyances sur la longévité de ces