Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/157

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plus saisissant, la tente vide, le lit dressé, et personne… »

La princesse ravie, surtout à l’idée qu’on ne verrait pas le vilain couche-tout-nu : « Oh ! quel bonheur… comme vous êtes gentil… Tenez, maintenant je puis vous le dire, j’en ai pleuré toute la nuit. »

Comme toujours, en arrêtant au grand portail, le valet de pied prit les couronnes et suivit à distance, pendant que Colette et Paul montaient sous le soleil lourd par un chemin amolli des averses de tout à l’heure ; elle s’appuyait à son bras, s’excusait de temps en temps : « Je vous fatigue… » À quoi, lui, faisait non de la tête avec un sourire triste. Peu de monde au cimetière. Un jardinier, un gardien saluaient respectueusement au passage la princesse, une habituée ; mais lorsqu’ils eurent quitté l’avenue, franchi les terrasses supérieures, ce fut la solitude et l’ombre avec des cris d’oiseaux sous les feuilles, mêlés à ce grincement des scies, à ces coups métalliques d’instruments taillant la pierre qu’on entend toujours au Père-Lachaise, comme dans une ville jamais finie, en permanente construction.

Deux ou trois fois Mme de Rosen avait surpris