Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/270

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puis la manière d’épingler la cravate dans l’évasement du col jusqu’au carrelé fauve d’un pantalon de coupe anglaise. Trop de cheveux, malheureusement, et pas un poil de barbe, d’où ses efforts perdus et l’absence de tout revenez-y troublant chez l’ancienne maîtresse du prince, aussi indifférente à son carrelage anglais qu’aux mourantes oeillades de Brétigny le fils ou aux pressions vigoureuses de Brétigny le père, quand il lui prenait le bras pour aller à table. Seulement cela entretenait autour d’elle cette atmosphère tiède, empressée et galante, à laquelle d’Athis l’avait longtemps habituée, jouant jusqu’à la courbature son personnage d’attentif ; et l’orgueil de la femme sentait moins la déchéance de l’abandon.

Parmi tous ces prétendants, Danjou gardait une attitude à l’écart, amusant la duchesse de ses potins de coulisses, la faisant rire, ce qui, avec certaines, réussit quelquefois très bien. Puis, quand il jugea la femme suffisamment préparée, un matin qu’elle commençait en compagnie de ses chiens sa promenade solitaire à travers le parc, cette course violente où elle secouait sa colère dans les taillis pleins de réveils d’oiseaux, la trempait, l’apaisait dans la mouillure des pelouses et l’égouttement des branches, brusquement, à un tournant d’allée, il se montra et tenta le coup. En complet de laine blanche, le pantalon dans la