pent pas. On parlait de lettres compromettantes, d’un mémoire de l’accusé citant carrément les noms de deux ou trois grandes mondaines, ces noms toujours les mêmes, trempés et retrempés dans toutes les sales affaires. Un exemplaire en circulait, de ce factum, sur les bancs des journalistes, une autobiographie naïve et prétentieuse, où la fatuité de l’avorton se doublait de cette vanité spéciale à l’ouvrier « qui s’est instruit lui-même » ; mais, en définitive aucune des révélations annoncées.
Fage se contentait d’informer messieurs les juges qu’il était né près de Vassy (Haute-Marne), droit comme tout le monde, — c’est la prétention commune aux bossus, — et qu’une chute de cheval, à quinze ans, lui avait dévié et renflé le dos. Ainsi qu’à la plupart de ses congénères, dont la formation sexuelle est très lente, le goût de la femme lui était venu tard, mais avec une violence inouïe, alors qu’il travaillait chez un libraire du passage des Panoramas. Sa difformité le gênant pour ses conquêtes, il chercha un moyen de gagner beaucoup d’argent ; et l’histoire de ses amours alternée avec celle de ses faux, des procédés employés, encres et parchemins, présentait des titres de chapitres comme celui-ci : « Ma première victime. — Angélina, brocheuse. — Pour un ruban feu. — La foire aux pains d’épices. —