Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/83

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mots, des idées, un importun. Je m’en allais, quand la bonne Mme Astier me rappelle : « Montez donc le voir… il sera si heureux… » Et je monte vers mon vieux maître, par un étroit escalier intérieur. Du fond du corridor, j’entends sa forte voix : « C’est vous, Fage ?

— Non, mon bon maître.

— Tiens, Freydet ! Prenez garde, baissez la tête… »

Impossible, en effet, de se tenir debout dans cette soupente, et quelle différence avec les archives du ministère où je le vis la dernière fois, cette haute galerie tapissée de cartons !

« Un chenil, n’est-ce pas ? m’a dit l’excellent homme en souriant, mais si vous saviez quels trésors !… » Et son geste indiquait un grand classeur renfermant au moins dix mille pièces autographiques des plus rares, recueillies par lui en ces dernières années. « Il y en a, de l’histoire, là-dedans, répétait-il en se montant, agitant sa loupe