Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/84

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à grimoire ; et de la neuve et de la solide, quoi qu’ils en aient ! »

Au fond, il me semblait assombri et nerveux. On a été si dur avec lui. Cette destitution brutale ; et puis, comme il continuait à publier des livres d’histoire très documentés, n’a-t-on pas dit qu’il avait décatalogué des pièces du fonds Bourbon. Et d’où est venue cette calomnie ? de l’Institut même, de ce baron Huchenard qui se fait appeler le prince des autographiles français, et que la collection Astier désespère. De là une guerre hypocrite et sauvage, un lancinement de perfidies, d’attaques en dessous. « Jusqu’à mes Charles-Quint… mes Charles-Quint qu’on me conteste maintenant… Pourquoi, je vous demande ? Pour un lapsus, une vétille : Maître Rabelais au lieu de frère Rabelais… comme si la plume des Empereurs ne fourchait jamais… Mauvaise foi ! mauvaise foi ! » Et voyant que je m’indignais avec lui, mon bon maître me prit les mains : « Laissons ces vilenies… Mme Astier vous a dit, n’est ce pas, pour votre livre ? Il y en a encore un peu trop pour mon goût… mais, n’importe ! je suis content. » Ce dont il y a trop dans mes vers, c’est ce qu’il appelle la mauvaise herbe, imagination, fantaisie ; au lycée, déjà, il nous faisait la guerre là-dessus, arrachant, épluchant. Maintenant, écoute