Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/127

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de ceux qui ont coopéré à ce crime ne puisse échapper aux recherches. Le défaut d’action ou les temporisations dans une affaire aussi importante augmentent l’audace des scélérats, et je sais avec certitude qu’ils se disposent à suivre le cours des mêmes attentats. Plusieurs citoyens respectables sont menacés. Les avis qu’ils reçoivent ne permettent plus d’habiter avec sécurité les campagnes, tant que vous n’aurez point frappé les proscripteurs et anéanti les plans odieux qu’ils ont formés contre les personnes et les propriétés. Vous me rendrez compte tous les jours de ce que vous aurez fait pour rétablir la sûreté dans le département qui vous est confié. Elle dépend entièrement de votre conduite dans la circonstance présente. »

Est-ce là le langage d’un homme qui a peur et que fait hésiter la crainte d’être dénoncé comme leur complice par ceux qu’il poursuit ? Bientôt après, le directeur du jury criminel de Tours recevait l’ordre d’ouvrir officiellement une instruction judiciaire. Elle ne devait aboutir qu’à huit mois de là, non que la justice manquât de zèle ou que son action eût été entravée, mais parce que, dans l’intervalle, des événements d’un ordre plus grave étaient survenus, qui allaient absorber pour un temps l’attention du ministre de la Police. Ce n’est guère que vers la fin de janvier 1801 qu’on la voit reprendre avec suite l’instruction de l’affaire Clément de Ris.

Il a été dit plus haut que le directeur du jury criminel de Tours en était officiellement chargé. Mais elle se poursuivait parallèlement à Paris. Fouché y prenait une part si active qu’à diverses reprises le ministre de la Justice Abrial protesta contre des procédés qui constituaient un empiétement sur ses attributions. Il saisit de ses plaintes le premier Consul. Toutefois, il ne semble pas qu’elles aient été écoutées. Ce fut en vain qu’il les