Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/16

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et Moreau dans le complot que déjoue la police consulaire et qu’il expie sur l’échafaud avec les plus résolus de ses compagnons.

À ce moment, les chouans remplissent les prisons de Paris. Obscurs ou illustres, il y en a sept cents au Temple. Il y en a à l’Abbaye, à la Force, à Bicêtre. Les forteresses de Vincennes, de Besançon, de Joux, de Ham sont devenues des prisons d’État et toujours pour les chouans. Quelques-uns s’évadent : Bourmont, Suzannet, d’Andigné, Hingant de Saint-Maur, Moulin. D’autres restent captifs et si redoutés que leur cachot ne s’ouvrira qu’à la chute de l’Empire.

Pour quiconque ne regarde que superficiellement à l’histoire, l’exécution de Georges Cadoudal et de onze de ses complices, à la date du 25 juin 1804, constitue l’acte final de la chouannerie. Il semble que, ce redoutable partisan disparu, c’en soit fait des complots dont il était l’âme et que désormais, vaincus et décimés, tous ceux qu’il avait animés de son indomptable foi monarchique, électrisés par ses exemples, façonnés à son image, se soient résignés à subir un joug détesté. Il n’en est rien. Georges mort, son esprit demeura parmi ses anciens compagnons. Pendant toute la durée de l’Empire, ceux qui avaient échappé à la captivité ou au trépas, loin de désarmer, continuèrent à combattre, obscurcis-