Aller au contenu

Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme ses notes portaient qu’antérieurement à l’amnistie de 1800 il s’était associé à divers actes de brigandage et notamment à des arrestations de diligences, on en conclut que ce n’était point par hasard qu’il se trouvait en compagnie de Daniaud-Duperrat, et on le garda. Il fut d’ailleurs bientôt établi qu’il n’avait pas pris part aux actes qu’on incriminait dès ce moment sans les connaître. Le grief le plus grave qui pût être allégué contre lui consistait dans ses offres à Daniaud-Duperrat : « Je ne vous demande pas ce que vous faites, lui disait-il ; mais quand vous aurez besoin de moi, vous me trouverez. »

Cette circonstance révélée par Daniaud-Duperrat fut suffisante pour faire envoyer Kémar devant une commission militaire, mais non pour le faire condamner. Quand à Daniaud-Duperrat, il prenait déjà ses précautions pour ne pas l’être. Jusqu’à ce moment, toujours et partout, il s’était montré honnête homme. Il avait acquis en Vendée une réputation sans tache. Il comptait à son actif des actions honorables qui ne permettaient de douter ni de sa droiture ni de son courage. Mais, tombé aux mains de la police, toute énergie morale lui manqua. Affolé par la crainte d’être envoyé à l’échafaud, il s’abandonna, dans l’espoir de se sauver, aux révélations les plus accablantes pour ses complices non cependant sans avoir obtenu la promesse que, pour prix de ses complaisances, il serait sursis en ce qui le concernait à l’exécution du jugement, quel qu’il fût, que rendrait la commission militaire devant laquelle il s’attendait à être renvoyé.

Les interrogatoires des prévenus arrêtés déjà avaient révélé l’existence à Bordeaux et à Nantes d’une agence royaliste ayant des ramifications en Vendée, où elle préparait une insurrection. On sut par Daniaud-Duperrat