Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/165

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favorisé leurs menées, et comparut devant les mêmes juges que Georges. Obligé de faire arrêter Forestier, il manda un des amis de ce dernier, lui fit lire la lettre qu’il écrivait aux autorités de Lyon, de telle sorte que Forestier, averti à temps, échappa aux gendarmes chargés de s’emparer de lui. Il quitta de nouveau la France. La police le croyait en Espagne ou en Portugal, lorsqu’elle surprenait tout à coup la preuve de sa coopération à l’agence anglaise de Bordeaux. Elle établissait bientôt qu’il était arrivé dans cette ville avec le chevalier de Céris peu de temps après s’être enfui de Lyon, et que de là, tantôt sous le nom de Daubrée, tantôt sous celui de Pignerolles, il rayonnait, allant partout où l’organisation du complot rendait sa présence nécessaire.

Son principal collaborateur, le chevalier de Céris, était comme lui un jeune homme et de même trempe. La police le connaissait sous trois noms qu’il prenait tour à tour au gré des circonstances : Rhedon, Dubois, et Beaudoin. Dès les débuts de l’insurrection vendéenne, elle le considérait comme un chouan dangereux. À trois reprises, pendant la guerre, elle l’avait capturé, mais trois fois il était parvenu à s’enfuir ; c’est par contumace qu’en l’an VIII, dans la Vienne, il avait été condamné à mort. Depuis, elle le cherchait en vain. Elle apprenait tour à tour sa présence à Lyon, à Madrid et à Londres ; il lui revenait qu’il voulait assassiner Bonaparte. Mais, en dépit de ses efforts, elle ne parvenait pas à le saisir, tant il était habile à la dépister. Au commencement de 1804, à la veille du procès de Georges, tandis qu’on le cherchait à Paris, il vivait tranquillement à Bordeaux, caché chez Acquard-Vreilhac, correspondant avec Forestier, qui ne tardait pas à le rejoindre. Ils avaient été choisis tous deux, par le gouvernement anglais, pour être ses agents à Bordeaux et sur les frontières d’Espagne.