Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/199

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un sieur François Le Hars, qui habitait une maison en plein champ. Des mesures furent prises aussitôt. À la tombée de la nuit, vingt-huit gendarmes, quatorze à pied et quatorze à cheval, sous les ordres du capitaine Michelot, quittaient la ville pour aller cerner la maison, laquelle n’était à vrai dire qu’une masure.

Quand ils y arrivèrent, La Haye Saint-Hilaire et ses compagnons venaient d’y entrer. En présence du danger qui les menaçait, les trois chouans décidèrent de vendre chèrement leur vie. Ils avaient des armes et des munitions. Ils se fortifièrent dans le grenier, et aux premières sommations qui leur furent faites, ils répondirent par une décharge générale. Personne ne fut atteint. Mais les gendarmes firent feu à leur tour. Pourchasse tomba mort. La Haye Saint-Hilaire eut la jambe transpercée.

Aidé de Billy, il ne s’en défendait pas moins en désespéré, tenant à distance les assaillants. Le capitaine Michelot fit alors apporter des échelles. Un brigadier nommé Thivier en saisit une, l’appliqua contre la muraille et voulut monter. Comme il mettait le pied sur le premier échelon, une balle le renversa, grièvement blessé. La lutte se continua quelques instants encore. La Haye Saint-Hilaire, perdant son sang par les blessures qu’il avait reçues aux jambes, ne pouvait plus se tenir debout. Il combattait à genoux, secondé par Billy dont l’intrépidité égalait la sienne.

Pour en finir, le capitaine Michelot déclara qu’il allait incendier la maison. Alors les assiégés déclarèrent qu’ils se rendaient. On descendit tant bien que mal La Haye Saint-Hilaire de son grenier. On le jeta sur une charrette avec Billy enchaîné, et c’est en cet équipage qu’on revint à Vannes au milieu de la nuit.

Ce fut pour la forme seulement qu’on essaya d’obtenir