Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/200

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de La Haye Saint-Hilaire quelques révélations sur ses complices et sur ses projets. On savait bien qu’il ne les trahirait pas. Il s’abstint de répondre, et Billy suivit son exemple. Le 7 octobre, au petit jour, ils comparurent tous deux devant un conseil de guerre, La Haye Saint-Hilaire fut porté à l’audience dans un fauteuil auquel il était attaché. Il avait à répondre de plusieurs actes de rébellion et d’embauchage, de l’enlèvement de l’évêque de Vannes et de la mort du brigadier Thivier qui venait de succomber à sa blessure.

Dans ces conditions, la sentence ne pouvait être douteuse, et c’est en vain que l’avocat Rialan fils essaya d’en conjurer la rigueur. Quoique Mme de La Haye Saint-Hilaire, en apprenant l’arrestation de son fils, se fût hâtée de se rendre à Paris afin de demander grâce, les ordres de l’Empereur, pas plus que les circonstances des crimes, ne permettaient la clémence.

L’arrêt rendu fut exécuté sur-le-champ. Il était dix heures du matin lorsque tombèrent sous les balles, au champ de Mars de Vannes, les deux chouans qui depuis tant d’années avaient déjoué tous les efforts tentés pour les surprendre. Ils furent frappés à côté l’un de l’autre, Jean Billy debout, La Haye Saint-Hilaire toujours assis dans son fauteuil. Il avait trente ans, son complice trente-trois. François Le Hars, coupable de leur avoir donné asile, fut mis à la disposition de la police qui le retint longtemps en prison. La famille de La Haye Saint-Hilaire reçut l’ordre de se tenir toujours à distance des côtes, trente lieues au moins.