Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/234

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point. Il n’en résulte qu’un fait, c’est que lorsque Mme  Aquet de Férolles fut arrêtée, Chauvel, qu’elle entraînait dans son infortune, avait été déjà récompensé par elle de l’oubli de ses devoirs professionnels et qu’il dut à cet oubli d’être considéré comme complice. Mme  de Combray, impuissante à convaincre sa fille de la nécessité de se cacher, se sépara d’elle. Leurs adieux se ressentirent des sentiments qu’elle avait conçus contre la coupable qu’elle accusait de ses maux. Elles ne devaient plus se revoir que dans les prisons de Rouen.

Au cours de ces événements, Le Chevallier, resté à Paris, avait interrompu sa correspondance avec Mme  Aquet de Férolles, soit qu’il ne sût où lui écrire, soit qu’il redoutât de se compromettre en lui écrivant. Le 20 juillet, Fouché signait l’ordre de l’arrêter. Mais quand les agents se présentèrent chez sa belle-sœur, Mme  Thibout, ils ne l’y trouvèrent plus. Brusquement, il venait de se décider à partir pour Caen. Il y arriva ouvertement, sans chercher à se cacher, faisant montre d’une invraisemblable audace, si bien que, lorsque, le lendemain, le mandat d’arrestation parvint au préfet du Calvados, celui-ci put y donner suite sur-le-champ et sans peine. Les agents rencontrèrent Le Chevallier dans un café dont il était l’habitué ; il y jouait paisiblement aux échecs. Ils l’arrêtèrent sans scandale et sans bruit et, son identité constatée, le firent monter dans une chaise de poste qui le ramena sous bonne escorte à Paris.

Le 21 juillet, alors qu’on ignorait à Caen son arrestation, il était au Dépôt. Interrogé d’abord par Desmarets, il protesta contre les accusations qu’il avait encourues. Il nia avoir participé au vol du 7 juin. Il ne prononça ni le nom de Mme  Aquet de Férolles ni aucun autre. L’absence de tous papiers compromettants favorisait ses dénégations. Mais Desmarets n’en crut rien. Après avoir