Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/244

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comte Caffarelli, se révèle en cette histoire ainsi qu’un homme dépourvu de préjugés, ambitieux, retors, bon courtisan, élevé à l’école des deux policiers dont il est le subordonné et professant leurs principes. Grâce à lui, l’enquête dont nous retraçons les péripéties reçut une impulsion vigoureuse et marcha rapidement.

Pour la forme, le ministre correspondait avec Caffarelli dont il tenait à ménager la susceptibilité. Mais en réalité tout se faisait à l’insu de ce dernier, sans lui, en dehors de lui. Ce n’est qu’à une date ultérieure, quand il s’en étonna et s’en plaignit comme d’un manque de confiance, qu’on se décida à lui faire part des décisions prises, en négligeant toutefois de lui en révéler les véritables motifs dont sans doute il se fût offensé.

Entre les individus arrêtés, se trouvait le chevalier de Godet. Cet ancien émigré n’avait pris aucune part au coup de main du 7 juin. Il prouva qu’il l’avait blâmé. Mais on le soupçonnait d’avoir conspiré avec d’Aché. À tout hasard, on le garda, tandis qu’au bout de quelques semaines, d’autres étaient relâchés. Un de ses oncles, employé aux archives du Trésor, intervint en sa faveur sous une forme qui révèle à la fois une rare platitude, le désir de ne pas perdre sa place et la terreur qu’exerçait même sur les fonctionnaires le ministre de la Police générale de l’Empire. « J’ai peine à croire, écrivait-il à Fouché, qu’il se soit oublié et compromis à ce point. Il avait plus qu’un autre à se bien conduire, en raison de ses anciens torts, après son émigration et son port d’armes dans l’armée de Condé, que votre humanité a bien voulu lui pardonner et dont il a été puni par une détention de sept à huit mois à la Force. Mais s’il est coupable, je ne réclame plus votre indulgence en sa faveur. C’est une tête exaltée et incapable de revenir aux bons principes. Il est violent et emporté. Il n’y