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Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/255

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Soyer, le régisseur. Les lettres étaient toutes remises à Liquet qui y répondait. Âgée de soixante-neuf ans, éprouvée déjà par sa captivité, la marquise n’était que trop facile à duper : « Toute ruse est permise en amour comme en guerre », écrivait au préfet l’entreprenant Liquet, en lui faisant part de son stratagème.

Il est certain que peu à peu, soit par ses lettres, soit par les confidences de Mme de Combray à la femme Delaistre, il en apprenait long. « Le Chevallier est l’amant adoré de Mme Aquet de Férolles, mandait-il encore à Savoye-Rollin. C’est lui qui a organisé le vol, choisi les hommes de l’expédition. » Par les mêmes procédés, Liquet ne fut pas longtemps sans savoir ce qu’était devenu le fameux cheval disparu des écuries de Tournebut et que la police avait vainement cherché. Trompant le fils comme il trompait la mère, il démontra au marquis de Bonneuil combien il serait utile aux intérêts de tous les accusés d’établir entre leurs témoignages une entière concordance. Il se fit remettre par lui ce billet destiné au régisseur Soyer : « Le notaire, M. Lefebvre, sera parti de la maison à pied et non à cheval. Il sera arrivé le soir d’Évreux avec ma mère, le 27 juillet, sera resté le 28 à Tournebut et sera parti le lendemain de très grand matin à pied pour aller gagner à la Rivière Tibouville… Il faudra le dire aux autres. Il faudra que tout le monde soutienne qu’il est reparti à pied. Peut-être demandera-t-on au maréchal ferrant combien il y avait de chevaux à la maison ? Dis-lui de dire qu’il n’y en avait que quatre. » Ce billet révélateur porte la date du 17 septembre. Le même jour, Liquet partait pour Donnai. Le lendemain il trouvait le cheval chez le garde-chasse Lanoë, lequel était déjà incarcéré et dont il arrêta la femme parce qu’elle refusait de parler. Mais, s’il tenait le cheval, il ne tenait pas {{