Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/302

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averti le commandant de gendarmerie. Il ajouta que si ces rebelles se dérobaient à toutes les recherches, c’est « qu’on n’y mettait pas assez d’adresse », et qu’on déployait un trop pompeux appareil « pour surprendre des hommes qui se cachent ».

On employa dès lors d’autres moyens. Les individus compromis jadis dans la chouannerie furent secrètement surveillés. On promit des récompenses à ceux qui livreraient Prijent et Bouchard, ou mettraient la police sur leurs traces. Ces démarches restèrent sans résultats. Cependant, Prijent n’avait pas quitté le pays. On en était sûr. Le sous-préfet de Dinan écrivait à Paris qu’un de ses administrés avait, à la sollicitation de Prijent, accepté de se rencontrer avec lui, la nuit, dans un champ.

– Je suis chargé, lui avait dit ce dernier, d’offrir la croix de Saint-Louis et des récompenses pécuniaires à ceux qui ont servi et voudraient resservir. À Londres, d’où j’arrive, j’ai assisté à un conseil où étaient présents les princes, les ambassadeurs des puissances et les ministres anglais. On y a pris la résolution de former une coalition nouvelle. On débarque en France auprès de Saint-Malo. On fait ce qu’on peut pour pousser Bonaparte vers la Russie. On désire qu’il s’y enfonce avec son armée.

Celui à qui ces propositions étaient faites ne les avait pas accueillies. Son témoignage n’en attestait pas moins que Prijent continuait à errer en Bretagne. Mais, bientôt, d’une autre déposition qui succéda à celle-ci, on dut conclure qu’il était retourné à Jersey. Elle fut faite par un sieur Mathurin Dutertre, maire de la commune de Plaintel, dans les Côtes-du-Nord, au préfet de ce département. Il raconta que Prijent lui ayant demandé un rendez-vous chez Mme de Goyon-Beaucorps, propriétaire du pays, il s’était rendu à son appel, le 17 avril. Or, Prijent venait de repartir en chargeant Mme de