Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/303

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Beaucorps de faire part à Dutertre de ses projets. Ces projets épouvantèrent le préfet, lui firent croire qu’un débarquement de chouans était prochain.

Réal doutait de l’imminence d’un tel danger. Il savait que les royalistes de Londres et de Jersey ne trouvaient pas le moment opportun pour une action générale. Leurs menées n’avaient d’autre but que d’entretenir, par des actions isolées, le zèle et les espérances de leurs partisans. Cessant de s’occuper de Prijent, il signalait au préfet la présence en Bretagne de La Haye Saint-Hilaire et d’un autre chouan, Le Paige de Bar, jadis général dans les armées vendéennes, venus eux aussi de Jersey. « Ils trouvent asile et secours chez les habitants où ils se présentent comme victimes de leurs opinions. » Quant à Mathurin Dutertre, il l’accusait de n’avoir pas dit au préfet toute la vérité et d’avoir vu Prijent. Le préfet défendait énergiquement Dutertre. « Il n’a rien fait que par mon ordre. Je suis humilié de me voir en quelque sorte atteint d’un soupçon. »


II

À la suite de ces incidents, pendant près d’une année, on n’entendit plus parler de Prijent ni de Bouchard. La Haye Saint-Hilaire et Bertin furent pris et fusillés. De Bar disparut et la police, ayant mis la main dans le Calvados sur une bande en train de conspirer, elle se croyait délivrée pour longtemps sinon pour toujours des entreprises des chouans, lorsqu’en février 1808, à l’improviste, elle retrouva les traces de Prijent.

À Paris, elle exerçait depuis longtemps une surveillance