Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/309

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à Fouché. « Prijent sera transféré de Rennes à Paris dans une voiture de poste, bien armée et marchant nuit et jour sans s’arrêter. À leur arrivée, le lieutenant Durocher et le gendarme Ancelot devront descendre à l’hôtel de Son Excellence le ministre de la Police générale, à quelque heure que ce soit et devront faire remise du prisonnier à Son Excellence qui en donnera elle-même décharge. »

Prijent comparut devant Desmarets le 11 juin. Durant la route qu’il venait de parcourir, il avait eu le temps de dresser ses batteries et de préparer ses réponses uniquement inspirées par la volonté de racheter sa tête. Il se jeta aux pieds de Desmarets, lui demanda grâce en promettant de lui dévoiler tous les projets des royalistes. Desmarets s’engagea à le sauver comme le préfet de Saint-Brieuc s’était engagé à sauver Bouchard. Dès lors, le misérable n’allait plus être que l’instrument servile de la police. Verbalement ou par écrit, il raconta ce qu’il savait et même ce qu’il ne savait pas. Ses innombrables lettres à Desmarets, conservées aux Archives nationales, attestent à la fois sa bassesse d’âme et la fécondité de son imagination. « Âme sensible et généreuse, magnanime protecteur ; j’ai fait un serment ; j’y serai fidèle jusqu’à la mort. »

En ce qui le concernait, il reconnut avoir fait un voyage en France, au commencement de 1807. Il y était revenu en janvier 1808. Il y résidait depuis. Sa première course avait eu pour objet de prouver aux Anglais que, contrairement aux affirmations de La Haye Saint-Hilaire qui réclamait sans cesse de l’argent, des armes, des soldats, la Bretagne n’était pas mûre encore pour une insurrection. En revenant la seconde fois, il était chargé de la préparer.

Il dénonça ensuite le Comité royaliste de Londres,