Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/311

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dépositaire de sa correspondance ; Rastel, maire de Claye, chez qui il était resté caché durant trois semaines, d’autres encore. Tous ces malheureux furent successivement arrêtés.

À Paris, on mit la main, chez Mme  de Fortia, sur le jeune de Bethisy, neveu de l’évêque d’Uzès. Il parvint à prouver « qu’il ne s’occupait que de ses plaisirs ». Il fut laissé en liberté ainsi que le marquis de Puisaye des Joncherets, que Prijent avait calomnié, et qui le démontra, en rappelant les services qu’il avait déjà rendus à la police. Entre tous ceux que dénonçait Prijent, ils furent les seuls épargnés. Mme  de Goyon-Beaucorps, convaincue de complicité, ne chercha même pas à se défendre. Ce fut en vain que Mme  de Cognac affirma avoir traité « de pure folie » les desseins de Prijent. On l’avait prise, relâchée, reprise ; on la garda. On arrêta même son fils, un jeune homme de vingt-quatre ans. Il ne savait rien et fut renvoyé. Les dépositions et les mémoires de Prijent, fatras de vérités et de mensonges, étaient adressés jour par jour à l’Empereur. De Bayonne, où il se trouvait, il pressait Fouché d’obtenir « de cet homme » la liste des agents anglais qui résidaient en France. « Il les connaît tous. » En fait, Prijent n’en connaissait aucun.

L’idée de l’envoyer à Jersey et de s’emparer, grâce à lui, de quelque royaliste de marque souriait à Fouché. Mais il eut vite changé d’avis. Il se souvenait de Bouchard, resté dans les prisons de Rennes. Il lui parut que celui-là était encore plus digne de sa confiance que Prijent. Prijent écrivait et parlait beaucoup. Mais, Bouchard avait agi, donné des preuves de son zèle, livré Prijent. À ce dernier, Fouché préféra Bouchard. Réal adressa les instructions suivantes au commissaire général de police de Saint-Malo. Elles précisent les rôles, la