Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/313

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on y ramena Prijent, Fouché ayant tiré de lui tout ce qu’il pouvait en attendre et tenant tous les coupables.

À cette époque, le ministre de la Police adressait à l’Empereur un rapport circonstancié dont voici le résumé : « Il y a eu un plan d’insurrection générale, organisé par Puisaye. Prijent était chargé de la direction des moyens d’exécution. Les principaux complices sont Bouchard, Deschamps, Guignette, Jean Leclerc, Launay, Botrel, Goyon-Vaucouleurs. Bouchard, Launay et Botrel se sont livrés. Le premier a rendu de grands services depuis sa soumission. Guignette est retourné en Angleterre. Prijent a dénoncé comme ayant eu des conférences avec lui divers individus parmi lesquels un chirurgien, Pierre Lemoine, un prêtre, l’abbé Neveu, Rastel, maire de Claye, Mme  de Goyon-Beaucorps et Mme  de Cognac. Sauf l’abbé Neveu, fugitif, ils sont tous arrêtés ainsi que de nombreux comparses, hommes et femmes, ayant servi de logeurs, de guides, de commissionnaires. »

Comme suite à ce rapport, un décret impérial, en date du 28 août 1808, traduisit les accusés, au nombre de trente-cinq, devant le conseil de guerre siégeant à Rennes, sous la présidence du général Mignotte. Ils devaient y comparaître le 27 septembre. La lettre qui en donnait avis au préfet d’Ille-et-Vilaine témoigne des engagements pris par la police envers les délateurs : « Dans le cas où Prijent et Bouchard seraient condamnés, il devra être sursis à leur égard à l’exécution du jugement. Je vous ferai connaître ultérieurement le parti qui devra être pris à leur égard. Cette disposition doit rester absolument secrète jusqu’après le prononcé du jugement. »

Les débats s’ouvrirent à la date indiquée. Ils occupèrent six audiences. La dernière fut tenue dans la nuit.