Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/347

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été autrefois. Ceux mêmes que cette crainte ne retenait pas se déclaraient résolus à ne marcher que lorsque la guerre serait engagée. Napoléon, cependant, au moment d’entrer en campagne, n’entendait pas laisser des insurgés debout derrière lui. Après avoir rêvé de mettre à prix la tête des chefs, de raser leurs maisons et de se saisir de leurs familles à titre d’otages, il s’en tint à l’envoi d’une douzaine de mille hommes dans l’Ouest sous les ordres des généraux Travot et Lamarque. Six mille partirent en poste. Les autres devaient suivre et leurs bataillons se grossir de tous les gardes nationaux valides. Ces mesures avaient été suggérées à l’Empereur par ce que sa police lui révélait des dispositions des chefs vendéens.

À peine rentrés chez eux, ils s’étaient consacrés à la préparation d’un soulèvement, encore qu’il ne dût avoir ses effets qu’à une date ultérieure. D’Autichamp, retiré en son château de Rochefaton, dans l’Anjou, vit bientôt s’offrir à lui de nombreux concours. Revenus de leur stupeur, aigris par les vexations dont les contrées de l’Ouest étaient l’objet de la part de l’administration impériale, effrayés par les manifestations militaires et par la conscription, les paysans se montraient maintenant résolus à combattre pour le roi. Dans la division qui lui était attribuée, d’Autichamp put réunir environ cinq mille hommes qu’il divisa en sept légions. D’Andigné, sur la rive droite de la Loire, parvint à en former quatorze comprenant treize mille hommes, Suzannet à Légé, Duguet de La Rochejaquelein aux Aubiers, Sapinaud aux Herbiers, Charette dans le Marais, de Sol de Grisolles dans le Morbihan virent leurs efforts couronnés d’un succès égal. D’un état qui est sous nos yeux il résulte qu’au commencement de mai les chefs chouans croyaient pouvoir compter sur vingt mille combattants.