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Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/42

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aggravent par excès de zèle les ordres qu’ils reçoivent et contribuent à accroître la terreur qu’inspire la fonction dont ils sont revêtus. En toute affaire importante, la première impression du ministre se ressent de l’opinion qu’ils ont exprimée et comme, en tout personnage arrêté ou poursuivi, ils inclinent à voir un conspirateur, quiconque a subi de leur part un interrogatoire est exposé, fût-il reconnu innocent et acquitté par les tribunaux, à être retenu captif par mesure de haute police. C’est ainsi que, peu à peu, les prisons se remplissent de gens contre lesquels aucune sentence n’a été prononcée et sur qui le gouvernement impérial se venge de l’acquittement dont ils ont été l’objet. Les dossiers des Archives sont pleins des suppliques de ces malheureux, déclarés innocents et traités comme des coupables.

Quant au préfet de police, jusqu’en 1810, c’est Dubois, homme vénal et sans moralité. Il a épousé la fille d’une femme de chambre qui fut longtemps sa maîtresse. Il vit en dehors du monde. Personne ne veut le voir ni le recevoir. On sait qu’il touche de toutes les mains et vend son influence au plus offrant. Mais il est l’ennemi de Fouché ; il le surveille et fait tenir à l’Empereur auprès de qui, par l’intermédiaire de l’agent Veyrat, le protège Constant, valet de chambre de Sa Majesté, les observations et les notes que lui suggèrent les actes du ministre. Sous son règne, la préfecture est devenue une agence de basses intrigues. C’est un scandale permanent dont la prolongation fait perdre patience à l’Empereur. Dubois est renvoyé, le conseiller d’État Pasquier nommé à sa place.

– Vous me nettoierez cette police, dit Napoléon à ce dernier.

M. Pasquier veut entreprendre cette épuration. Mais trop d’influences contrarient ses efforts. Il renonce à