Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/59

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c’est dans le bas personnel des jacobins qu’on chercha les coupables. Mais il fallut bientôt se rendre à l’évidence. C’étaient bien les chouans qui avaient organisé le complot. Bonaparte exaspéré s’emporta contre Fouché, qui n’avait pas sur le défendre, et ce dernier, redoutant d’être révoqué, sévit sans retenue.

La plupart des chouans en ce moment à Paris furent emprisonnés, Bourmont avec eux, prévenu d’avoir donné asile au chevalier de Bruslart[1], que d’ailleurs on ne trouva pas, et qui de chez le conseiller d’État Pasquier, où il avait reçu asile, écrivit au premier Consul, pour déclarer qu’il était étranger à l’affaire de la machine infernale. On arrêta de même d’anciens chefs vendéens, le général d’Andigné, qu’on alla chercher dans sa demeure, aux environs d’Angers, où il venait de rentrer, Constant de Suzannet, qui traversait la capitale, le comte d’Oilliamson, Guillot de la Poterie, Carlos Sourdat, d’autres encore.

Bourmont protesta de son innocence. Il reconnut avoir reçu Bruslart chez lui. Mais pouvait-il faire autrement sans violer les lois de l’honneur et de l’amitié ? Ce système de défense ne fut pas admis. Malgré les démarches de son héroïque femme, il fut retenu prisonnier, mis au secret, et un peu plus tard, quoiqu’il n’eût comparu devant aucun tribunal, enfermé dans la citadelle de Besançon, d’où il parvint ultérieurement à s’échapper en compagnie de Hingant de Saint-Maur. Guillot de la Poterie et Carlos Sourdat invoquèrent en

  1. Né en Lorraine, avait été officier sous la monarchie, servit ensuite dans les bandes de Louis de Frotté. Ce fut le plus audacieux et le plus infatigable des conspirateurs et aussi le plus heureux, car, bien qu’il se fût vingt fois exposé, il échappa toujours à la police. C’est lui qui, se trouvant en Normandie en 1808, disait : « Je serais déshonoré si Bonaparte venait ici impunément, moi y étant. » Sous la Restauration, il fut lieutenant général.